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Lilian web

Possession de Neil Labute

16 Septembre 2014

Possession de Neil Labute

Antonia S. Byatt a, il y a quelques années, écrit un livre passionnant qui mêlait romanesque et érudition dans la droite ligne d’un Umberto Ecco et de son Nom de la Rose. Dans Possession, un jeune chercheur enquêtant sur un grand poète victorien est amené à travailler avec une jeune femme spécialiste d’une obscure poétesse victorienne, lorsqu’il découvre que ces deux-là, la féministe et le mari fidèle, se sont très probablement aimés. De cette tempête dans un verre d’eau universitaire, avec course à la publication, A.S. Byatt avait su faire une aventure intelligente où la satire du milieu universitaire n’empêchait pas l’exaltation du goût pour la recherche et pour l’interprétation des textes. Neil Labute en a surtout conservé les péripéties et les deux histoires d’amour, livrant un film gentiment mordant et archi-prévisible. On le sent plus à son aise avec le cynisme convenu des personnages contemporains qu’avec l’amour improbable et condamné des deux poètes. Ces deux-là, ni personnages à part entière, ni fantômes venant hanter et posséder les vivants, s’en trouvent réduits à leurs beaux costumes d’époque qui en dessinent toute la silhouette.

Les scénaristes ont heureusement jugé bon de préserver la structure du roman et la belle idée de la juxtaposition des deux histoires (contemporaine et du XIXème siècle) se déroulant indépendamment l’une de l’autre : le passé ne nous est pas donné à voir à mesure que les héros le découvrent, ou plutôt, ce que nous voyons du passé ne recoupe pas exactement ce que les chercheurs apprennent. Ainsi cette histoire laisse de petits et grands mystères reposer dans les plis du passé et elle permet à son spectateur/lecteur d’expérimenter le vertige, en fait assez peu courant, de posséder seul un savoir dont les personnages ignorent jusqu’à l’existence.

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